Cela fait dix années maintenant que l’HEMU est à la pointe dans le domaine de la médiation de la musique. En 2022, l’institution y a consacré une bonne partie de ses efforts afin de rendre l’excellence de ses musiques accessible aux publics qui y sont le moins initiés.
Depuis presque dix ans, l’HEMU fait figure de précurseur en matière de médiation musicale. Après avoir exploré cette voie en l’infusant dans l’enseignement du Bachelor au Master et dans la recherche, l’école s’est concentrée en 2022 sur la médiation au service de l’innovation sociale. Il s’agit d’un sillon novateur, à creuser toujours plus profondément, mais qui est en totale adéquation avec les valeurs de respect, d’excellence, de partage et d’innovation portées par l’institution.
« À l’ère de l’immédiateté, la musique classique peine parfois à séduire au-delà du cercle des amateurs au point même d’enregistrer un certain recul en termes d’audience et d’intérêt. La médiation permet de redonner « droit de cité » à la musique classique. Le monde politique met aussi une certaine pression. Il entend que l’argent public injecté dans le domaine culturel puisse profiter à tous », vulgarise Thierry Weber, chef d’orchestre et passeur d’art, enseignant la médiation de la musique au sein de l’HEMU.
Donner à goûter à tou·tes
C’est autour de cette philosophie de « la culture pour tous » que l’école est allée en 2022 à la rencontre des bénéficiaires de l’association de lutte contre l’analphabétisme «Lire et écrire». Ces personnes ont pu suivre un parcours musical et culturel sur presque une année complète, à raison d’une fois par mois. « Ils ont ainsi pu aiguiser leur soif de beau et leur ouverture d’esprit. Cela s’est conclu sur une création musicale avec des tablettes numériques. La mission de donner du sens aux choses et donner à goûter a été bien remplie », se réjouit Thierry Weber.
L’année 2022 a marqué aussi le développement du concept «L’HEMU prend ses quartiers», lancé en 2018, lequel a vu des étudiants en master de pédagogie rayonner sur leur territoire notamment là où des enfants défavorisés croient que la musique n’est pas pour eux. Soit par exemple auprès de jeunes d’une prison pour mineurs ou de leurs congénères migrants de l’École de la transition. « À chaque fois, nos étudiants ont monté une opération musicale participative spécifique en donnant de la considération à ces publics et à leurs cultures et références », résume Thierry Weber.
Une analyse doublée d’une médiation
Notons aussi qu’en 2022, l’opération «Musique entre les lignes» a été reconduite. Cette saison de concerts de médiation allant bien au-delà de la seule musique, destinée aux familles et aux enfants rencontre un franc succès depuis le début. Elle entamera sa 10e édition en 2023-2024.
L’année écoulée a marqué également le lancement d’un dispositif de médiation dans le cadre des cours d’analyse. « Il s’agissait pour les étudiants concernés de profiter des connaissances acquises par l’analyse approfondie d’une œuvre pour adapter ensuite leur présentation à un jeune public. Leur parcours de musiciens les entraînera forcément à prendre la parole pour parler de leur répertoire devant des publics variés. L’expérience a été menée cette année au sein de classes Pré-HEM, mais on pourrait imaginer qu’elle soit reconduite dans le cadre de l’école publique », résume Mathilde Reichler, professeur d’analyse au département théorie et recherche de l’HEMU.
Bientôt un nouveau CAS
« La mission d’un professeur ou futur professeur de musique n’est plus seulement d’attendre qu’un élève toque à sa porte pour recevoir un cours. Il a aussi un rôle à jouer dans la cité », précise Thierry Weber. L’enseignant constate qu’il y a parfois encore certaines résistances chez les principaux concernés face à cette mutation. Certains peinent à s’affranchir d’une vision conservatrice et élitiste de la musique. D’autres ont du mal à intégrer qu’il n’y a pas forcément incompatibilité entre excellence et accessibilité.
C’est notamment dans cet esprit qu’à la rentrée prochaine, en septembre 2023, une nouvelle formation continue Certificate of Advanced Studies (CAS) en médiation musicale sera lancée pour former des musiciens capables de répondre à la pluralité.